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Pimp my Employer’s Brand

Pimp my Employer’s Brand

Pimp my Employer’s Brand

Maja Wolkiewicz

20 sept. 2024

2 min

Les prémices

Je suis née en Pologne, à la fin des années 80. Le pays était en train de se transformer, deux ans après ma naissance, le mur de Berlin a chuté, on a observé le mouvement de Solidarnosc et la fin du communisme.

Le capitalisme est arrivé et avec lui “les paillettes dans les yeux”. Les magasins, auparavant vides, étaient enfin remplis d'articles venus du monde entier. Les US, enfin, toute l’Amérique était vue comme un rêve, un eldorado.

À la télé, je jonglais entre chaîne allemande de musique, Viva et la chaîne américaine. Au bout de quelques années, regarder les vidéoclips, ne me suffisait plus. Heureusement, MTV a commencé à proposer des émissions divertissantes, même si intellectuellement, nous nous nourrissions peu. Les années Y2K ont basculé vers la téléréalité et une diversification de leur offre. Un peu comme un USP, mais dans une autre dimension.

Il y avait The Osbournes, My Sweet Sixteen, mais surtout Xzibit et Pimp My Ride.



Le rappeur énigmatique à l'image gangsta, animait l’émission avec beaucoup d’humour, de bienveillance et de chaleur. J’adorais regarder comment les vieilles bagnoles se transformaient en voitures hors du commun, des gadgets pas réellement pratiques, mais tellement incroyables. Et les réactions des propriétaires, retrouvant leurs moyens de locomotion, tout à l’américaine, complètement dans la démesure. J’adorais cela.

Ces souvenirs reviennent souvent quand j’entends parler du travail sur la marque employeur. Cette expression, n’était pas très en vogue il y a encore quelques années. Et pourtant, l’image de l’entreprise, véhiculée en interne, comme en externe, c’est primordial. Non seulement pour attirer des futurs collègues, mais également pour fidéliser les personnes qui font déjà partie de l’entreprise.

Il s’agit de la culture d’entreprise, des valeurs, de la vie en interne. Nous sommes là afin de démystifier des choses, raconter une histoire, break the ice. L’entreprise ne doit plus être vue comme un "sésame ouvre-toi" où nous sommes uniquement pour exécuter des tâches et décocher des cases de notre to-do-list.

La plupart des entreprises modernes ont une très belle image, véhiculée à l’extérieur. Si je me rends sur les sites de Lattice ou Spotify (join the band!), la manière dont ils communiquent donne envie de les rejoindre.

Mais quid de la marque employeur quand l’image véhiculée a besoin d’être pimpée ? Justement car faute de temps, des moyens ou tout simplement, on n’y a pas pensé.

Le déclic

Il y a quelques années, j’ai rejoint une entreprise qui n’avait pas une belle image externe.

J'avais eu un coup de cœur pour le fondateur, un CEO avec qui j’avais vraiment envie de travailler. Très cash, straight to the point, il me semblait super sain.

Mais avant l’entretien final, j’ai regardé leur profil sur Glassdoor et j’ai vu la note peu glorieuse : 2,3.

Et des commentaires assez violents.

J’ai posé la question à mes interlocuteurs, décideurs C-Level, ils m’ont répondu de manière très détendue qu’ils n’y prêtaient pas attention et ce n’était pas révélateur du climat interne.

J’ai trouvé cela étrange, mais j’ai décidé de leur faire confiance et rejoindre l’aventure.

En tant que Talent Acquisition Manager, je devais gérer toute la partie recrutement.

Ce qui veut dire inbound et outbound. Afin de se différencier, il faut créer un pitch, une histoire à raconter, convaincre et séduire les candidats, afin de les transformer en collègues.

Et comment le faire, quand la note sur Glassdoor est catastrophique, tous mes candidats m’en parlent en entretien, mon taux de conversion est loin d’être satisfaisant ?

Il me faut un plan d’action.

Je crée donc une roadmap, je sollicite la petite équipe Marketing et je m’aligne avec la Talent Manager du fond d’investissement.


Faire l’état des lieux

Première chose qui me vient à l’esprit, c’est de voir ce qui a déjà été produit, ce qui existe, s’il y a une base sur laquelle je vais pouvoir travailler.

Je n’ai pas envie de tout détruire, tout réécrire, mais plutôt d'améliorer, d'optimiser et de mettre à jour des informations. L’entreprise a son historique que je veux respecter tout en donnant un coup de boost. Il y a toujours l’histoire de la note 2,3 sur Glassdoor : c’est ma priorité de la redresser !

Planifier

J’identifie les chantiers, les plateformes qui nous garantissent une certaine visibilité comme Glassdoor, WTTJ. Je réfléchis, comment nous pouvons les utiliser, quel type de contenu publier. Entre le delivery et l’arrivée de ma stagiaire, je dois m’organiser et établir un planning.

Quelle est ma priorité entre staffer 13 postes asap et gagner du temps en soignant la marque employeur et convertir en inbound ? J’aime beaucoup chasser, mais des fois, cela s’avère être un peu chronophage et cela prend pas mal de temps. Et si j’avais une jolie vitrine et que les candidats que j'avais chassé, postulaient d’eux-mêmes ?

Je bloque du temps, je priorise mes actions et j’avance petit à petit.

Exécuter

Comme mentionné au début, la page Glassdoor fait vraiment peur. Avec les collègues du fonds d’investissement, nous décidons déjà de répondre aux commentaires négatifs. Par la suite, j’essaye de venir voir chaque collègue et je demande de laisser un avis factuel. J’explique pourquoi c’est important et ce que cela peut changer pour le recrutement et l’image de la marque. Et on veut m’aider, me soutenir. Lors d’un All hands, le CEO prend parole et dit “J’imagine que si vous êtes, là, vous êtes plutôt contents, voire heureux. N’hésitez pas à le faire savoir, cela nous aidera”. Et Glassdoor se remplit des témoignages et je réussis à remonter la note jusqu’au 4,6.

Je vois sur WTTJ qu’il y a des informations pas tout à fait correctes. Dans la rubrique “Bon à savoir”, je vois des anecdotes, mais uniquement sur les cofondateurs. Celui-ci aime des restaurants étoilés, l’autre des bières belges et son chien beagle.. Mais nous sommes censés parler du collectif ici et non de trois associés… On réécrit tout cela avec les collègues du Marketing.

Je vois écrit de partout “des vacances illimitées”. Je me réjouis, à moi les Seychelles et Maldives ! Finalement, on me dit que ce n’est pas le cas, j’échange avec le CEO qui me dit qu’il est allé un peu loin dans son imaginaire et on reste sur le cadre légal. Sauf que les gens se sentent un peu trompés. Au final, nous trouvons un accord, on rajoute une semaine supplémentaire. Bon exemple pour la marque employeur interne et externe.

Je commence à exploiter mon réseau, me faire des amis. Ici, je vais faire un podcast, qui sera relayé, là-bas on va écrire un article et avec certains je vais créer une relation de longue durée. À chaque fois ils veulent proposer quelque chose, ils me sollicitent, afin de participer.

Je demande également mes collègues de faire du bruit, de relayer, liker, partager. On dirait que je construis un cercle des ambassadeurs, qui me soutiennent et qui soutiennent cette initiative.

Monitorer

Après l’effort, le réconfort ? Peut-être pas de suite.

Il faut que je sache si des actions que j’ai entreprises ont pu payer. Je mets en place alors mes KPI, que je monitore, par rapport à des résultats que j’espérais obtenir.

Et au final, je vois de plus en plus des gens abonnés à notre page LinkedIn, j’ai pas mal de sollicitations, des demandes. Je vois de plus en plus de super profils qui postulent. Avant, la chasse représentait plus de 75% de nos recrutements, là, nous avons de plus en plus de candidatures entrantes. Quand je pilote la data de mon équipe, je vois que ma collègue, sur 20 recrutements réalisés, n’a chassé que deux personnes : le gain de temps est significatif.

Les candidats me disent qu’ils ont postulé grâce aux bons avis sur Glassdoor, notre ATS nous met en valeur et fait un tournage, afin de s’en servir comme témoignage client.

Quand je chasse les candidats, on me dit “Mais je te connais, on te voit partout ! J’attendais à ce que tu me contactes”. Je rougis, mais cela fait plaisir.

Closure

Au bout de plus de deux ans de travail (oui, c’est un chantier conséquent), je vois que j’ai réussi à redorer la marque employeur et qu'il y a une belle image sur le marché. Bien entendu, le contenu, il faut le publier régulièrement, mettre à jour Glassdoor, nourrir un peu l’audience. Mais le plus gros est fait et je suis ravie d’avoir pu mettre la main à la pâte, ressortir ce qui était le plus beau dans l’entreprise et faire comprendre cela à mes candidats.

TL ; DR

Pour pimper la marque employeur, je m’y prends comme des mécaniciens dans l’émission culte.

  • Je regarde la bête (là, en occurrence, je fais un état des lieux)

  • Je garde l’historique, l’ADN et les préférences des fondateurs en tête. L’idée n’est pas de changer, de révolutionner, mais justement de sublimer, retravailler des bases. Comme les mécaniciens qui pimpaient la voiture en fonction de la personnalité du propriétaire.

  • Je planifie et j’avance de manière méthodique. Je priorise. Le kanban est très utile. Merci Product Management ! Les gars parlaient de leur vision, de ce qu’ils allaient faire, de comment ils imaginaient la nouvelle voiture.

  • Continuous Delivery. Ce qu’on aime le plus, passage à l’action !

  • Comme je suis une TAM analytique, je set up des KPI et je monitore. Je sors de la data, je peux prouver que certaines stratégies ont payé et je sais quel type d’initiative est le plus bénéfique.

  • Je continue à nourrir la marque employeur, mais moins intensément. Je peux me focaliser sur pas mal d’autres choses, me diversifier. Et la révélation d’une belle bagnole toute pimpée !

Et aujourd’hui ? Je suis dans une nouvelle aventure et il y a un autre enjeu marque employeur ;)

En revanche, je n’arrive pas dans des circonstances catastrophiques, loin de là.

Il y a des choses à faire, certes, mais le contexte est différent :

  • Worklife, jeune entreprise naissante a d’abord priorisé le produit et la R&D avant le Brand.

  • Notre volonté était également de travailler sur le product market fit, avant de promouvoir Worklife. Ce qui nous semblait logique, c’était de parler du produit fini, abouti.

Quel est mon plan d’action ?

Un peu similaire que celui que j’ai exécuté avant.

Je fais un état des lieux, je me synchronise avec notre Head Of Brand, nous travaillons main dans la main. Avant, j’étais assez seule sur ce périmètre, aujourd’hui, j’ai la chance d’avancer avec une vraie professionnelle qui m’aide et m’inspire au quotidien.

Auteur

Maja Wolkiewicz

Senior Talent Partner

Worklife

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